- Les saintes voies de la Croix du Vénérable Mr H-M.Boudon : 16 septembre
LIVRE DEUXIÈME
CHAPITRE III
Suite du même discours
(...) Mettez donc votre confiance au secours du Seigneur, et ne vous amusez pas à considérer vos forces, qui ne sont qu'une pure faiblesse.
Avec Jésus, nous pourrons tout, nous pourrons surmonter tout ce qui est le plus capable de nous faire peur. Ne vous étonnez pas si vous sentez si peu de vigueur pour combattre ces tentations que vous prévoyez, ou pour souffrir ces tourments qui pourront vous arriver.
Comme il n'est pas encore temps ni de combattre ni de souffrir, ces grands secours, qui ne vous manqueront pas du côté de Dieu, ne vous sont pas encore donnés : quand vous les aurez dans leur temps, les croix actuelles que vous porterez vous feront moins de peur que la simple pensée que vous en avez. Quand vous serez dans l'occasion, tenez ferme dans le sacrifice, supportez-vous dans les répugnances que vous y aurez, et même dans les fautes que vous y ferez.
Souffrez par l'amour de Dieu seul, sans espérance d'aucune consolation. Souffrez avec amour, avec joie, avec action de grâces, avec étonnement de l'honneur que l'on vous fait de participer à la croix du Fils de Dieu. Aimez avec courage la justice de Dieu, qui est Dieu même, aussi bien que sa divine Miséricorde et sa bonté.
Si vous avez un peu de l'amour pur, vous l'aimerez, cette justice, quoi qu'il vous en coûte, et ensuite vous serez ravi que vos fautes en soient châtiées, sans chercher la diminution de la peine.
Un excellent directeur, voyant une âme qui était dans de grands tourments, lui disait : Dieu le veut, c'est assez ; si, en détournant une épingle, je pouvais vous les ôter, je ne le ferais pas.
Enfin le démon, ne pouvant faire manquer une âme dans la voie des souffrances, se plait au moins à la détraquer de devoirs. Ne quittez donc pas vos exercices spirituels, ni aucune occupation qui regarde votre vocation, pour quelque ennui, tristesse, inquiétude ou peine que vous puissiez avoir.
Faites, dit un grand prélat, comme ces malades qui mangent plus par raison que par appétit.
Soyez ensuite plus assidu à l'usage des sacrements, quoique vous pratiquiez toutes choses sans goût, sans sentiment et, comme il vous semble, sans ferveur ; au contraire, avec aversion, répugnance, contrecur et violence d'esprit. (...)