Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales 21 septembre
CHAPITRE XIX
COMME IL FAUT FAIRE LA CONFESSION GÉNÉRALE
Simon le lépreux disait que Madeleine était pécheresse; mais Notre Seigneur dit que non, et ne parle plus sinon des parfums qu'elle répandit et de la grandeur de sa charité. Si nous sommes bien humbles, Philothée, notre péché nous déplaira infiniment parce que Dieu en est offensé, mais l'accusation de notre péché nous sera douce et agréable, parce que Dieu en est honoré: ce nous est une sorte dallégement de bien dire au médecin ce qui nous tourmente.
Quand vous serez arrivée devant votre père spirituel, imaginez-vous d'être en la montagne le Calvaire sous les pieds de Jésus-Christ crucifié, duquel le sang précieux distille de toutes parts pour vous laver de vos iniquités ; car, bien que ce ne soit pas le propre sang du Sauveur, c'est néanmoins le mérite de son sang répandu qui arrose abondamment les pénitents autour des confessionnaux.
Ouvrez donc bien votre coeur pour en faire sortir les péchés par la confession; car à mesure qu'ils en sortiront, le précieux mérite de la passion divine y entrera pour le remplir de bénédiction.
Mais dites bien tout, simplement et naïvement; contentez bien votre conscience en cela pour une bonne fois. Et cela fait, écoutez l'avertissement et les ordonnances du serviteur de Dieu, et dites en votre coeur :
«Parlez, Seigneur, car votre servante vous écoute. » Oui, cest Dieu, Philothée, que vous écoutez, puisqu'il a dit à ses vicaires : « Qui vous écoute, mécoute ». Prenez, par après, en main la protestation suivante, laquelle sert de conclusion à toute votre contrition, et que vous devez avoir premièrement méditée et considérée; lisez-la attentivement et avec le plus de ressentiment qu'il vous sera possible.
CHAPITRE XX
PROTESTATION AUTHENTIQUE POUR GRAVER EN L'AME LA RÉSOLUTION DE SERVIR DIEU ET CONCLURE LES ACTES DE PÉNITENCE
Je soussignée, constituée et établie en la présence de Dieu éternel et de toute la cour céleste, ayant considéré limmense Miséricorde de sa divine bonté envers moi, très indigne et chétive créature, quelle a créée de rien, conservée, soutenue, délivrée de tant de dangers, et comblée de tant de bienfaits; mais surtout ayant considéré cette incompréhensible douceur et clémence avec laquelle ce très bon Dieu ma si bénignement tolérée en mes iniquités, si souvent et si amiablement inspirée, me conviant à m'amender, et si patiemment attendue à pénitence et repentance jusques à cette N. année de mon âge, nonobstant toutes mes ingratitudes, déloyautés et infidélités par lesquelles, différant ma conversion et méprisant ses grâces, je l'ai si impudemment offensé ; après avoir considéré qu'au jour de mon sacré baptême je fus si heureusement et saintement vouée et dédiée à mon Dieu pour être sa fille, et que, contre la profession qui fut alors faite en mon nom, j'aie tant et tant de fois si malheureusement et détestablement profané et violé mon esprit, l'appliquant et l'employant contre la divine Majesté; enfin, revenant maintenant à moi-même, prosternée de coeur et desprit devant le trône de la justice divine, je me reconnais, avoue et confesse pour légitimement atteinte et convaincue du crime de lèse-majesté divine, et coupable de la mort et passion de Jésus-Christ, à raison des péchés que j'ai commis, pour lesquels il est mort et a souffert le tourment de la croix, si que je suis digne, par conséquent, d'être à jamais perdue et damnée.