Méditation avec La Fin de Monde Présent de l'Abbé Arminjon 25 mars
DEUXIEME CONFÉRENCE
DE LA PERSÉCUTION DE L’ANTÉCHRIST ET DE LA CONVERSION DES JUIFS
Et tunc revelabitur ille iniquus, quem Dominus Jesus interficiet spiritu oris sui, et destruet illustratione adventus sui.
Ce n’est pas la coutume des Livres saints, quand ils nous dévoilent l’avenir, d’entrer dans des détails aussi précis et aussi minutieux. Les prophètes ne nous parlent qu’énigmatiquement et en raccourci. En règle générale, ils se bornent à nous tracer les grandes lignes des événements futurs.
Mais pour ce qui est de la dernière lutte livrée aux saints, les apôtres inspirés ont mis en application la maxime : mala prœvisa minus feriunt, et ils n’ont rien omis de ce qui pouvait raffermir les justes durant ces jours d’épreuve et de grande calamité.
Ainsi, ils nous apprennent qu’à cette époque l’Orient redeviendra de nouveau le centre de la politique et des affaires humaines, que l’imposteur possédé de la manie et de la rage aveugle de profaner les lieux les plus saints, ceux qui auront été le théâtre des travaux et des souffrances de l’Homme Dieu, assiéra sa royauté à Jérusalem.
Mais ils nous disent pour nous consoler que Dieu abrégera la durée de sa puissance, qu’il la limitera à quarante-deux mois, trois ans et demi, menses quadraginta duos. Sans doute le nombre énoncé par les Livres saints n’exprime pas la durée de temps que mettra l’homme de péché pour conquérir la terre et arriver au faîte de sa toute-puissance.
On ne peut raisonnablement supposer que malgré les forces sataniques et surhumaines dont il sera investi, il puisse en un jour devenir maître du monde.
Il est à croire qu’il n’obtiendra la plénitude de sa souveraineté que progressivement, qu’il lui faudra un espace de temps plus ou moins long pour soumettre les peuples et enlacer l’univers entier dans le réseau ténébreux de ses ruses et de ses séductions.
Tout ce que nous apprennent saint Jean et Daniel, c’est que sa domination sur les hommes «de toute race, de toute tribu, de toute langue subsistera» usque ad tempus, et tempora et dimidium temporis, c’est-à-dire, un an, deux autres années et la moitié d’un an.
Daniel, ch. XII, nous dit : Depuis le temps où le sacrifice perpétuel aura cessé, et où l’on verra à sa place
l’abomination de la désolation régner dans le lieu saint, il s’écoulera mille deux cent soixante jours.
D’où il suit, que le moment où Jésus-Christ cessera d’être présent sur nos autels et de s’y offrir comme victime à la justice de Son Père, afin de faire contrepoids aux crimes des hommes, doit se compter à partir du jour où l’Antéchrist aura obtenu la domination universelle : alors seulement le sacrifice non sanglant de l’autel cessera d’être célébré.
Mais jusqu’à ce jour et pendant le temps que l’Antéchrist mettra à conquérir sa royauté, le sacrifice de la messe continuera à subsister. Saint Jean désigne encore le nom de l’Antéchrist ; mais il a jugé utile de ne nous le dire qu’en lettres chiffrées.
On sait que dans diverses langues les chiffres peuvent se traduire en caractères alphabétiques, et réciproquement les lettres alphabétiques en caractères chiffrés. Saint Jean nous dit donc que dans une langue qu’il ne nous fait pas connaître, le nom de la bête s’exprime par le nombre 666.